Consommation

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Consumérisme

 
Consummare dont provient le verbe consommer et qui signifie initialement accomplir, mener à son terme, devient avec le christianisme un synonyme de perdre et de détruire. C’est à partir de 1580 que le verbe français « consommer » signifie faire disparaître par l’usage denrées et énergie. On parle de « consommateur » à partir de 1745, et la consommation désigne alors l’usage que l’on fait d’une chose pour satisfaire des besoins.
 
Consommation devient le terme central de l’économie au début du XXe siècle. Et c’est en 1972 que le mot consumerism apparaît aux Etats-Unis – annonçant la « révolution conservatrice » menée conjointement par Margaret Thatcher et Ronald Reagan dans la décennie suivante.
Consommer n’est bien entendu pas un mal : la tragédie est de consommer sans exister – c’est à dire en perdant de vue ce qui consiste.
 
 
Le consumérisme est ce qui résulte d’une innovation permanente (pensée depuis Joseph Schumpeter comme « destruction créatrice ») qui a pour conséquence une jetabilité chronique et généralisée. Pour consommer sans cesse du nouveau, il faut jeter sans cesse de l’ancien. La nouveauté est ainsi systématiquement valorisée aux dépens de la durabilité (ce que Hannah Arendt soulignait déjà dans La condition de l’homme moderne).
 
 
Le marketing organise l’attachement à une marque en même temps que le détachement des objets. La jetabilité généralisée – telle qu’elle affecte les choses aussi bien que les hommes1 –, installe une infidélité systémique, précisément dans la mesure où ce qui est consommé ne peut être adopté, étant d’emblée jetable.
 
 
1 Lorsque la « jetabilité » affecte les hommes on parle de « flexibilité ».