Le système scolaire comme une chaîne de télévision de l'intelligence et du savoir, par Simon Lincelles

 

Simon Lincelles, membre d'ars industrialis, a enseigné la technologie et les sciences physiques au collège pendant sept ans. Depuis quelques années il utilise l'image photographique et filmée lors de ses cours. Ces expériences tendent à montrer que ces techniques peuvent devenir des outils de transcription et de transmission des savoirs tout à fait pertinents dans nos sociétés très largement médiatisées par les images animées.

 

Lorsque nous lui avons demandé s'il était possible de rendre compte de ce travail par un article sur ars industrialis et skhole.fr il nous a proposé de le faire sous la forme d'un film (52'). C'est ce que nous présentons ici : « Le système scolaire comme une chaîne de télévision de l'intelligence et du savoir ».

 

Lorsque nous lui avons demandé d'augmenter ce film d'un texte de présentation il nous a proposé des extraits des carnets de notes qu'il a utilisés pendant les quatre dernières années. Textes ératiques, non destinés à la publication, parfois brutaux, groupés sous le titre « Le soin de soi, le soin des autres ». Témoins d'une recherche et de son évolution, ils constituent des éléments supplémentaires pour la réflexion, l'objet central restant le film.
 

 

NB : si vous avez des difficultés à charger cette version intégrale du film, veuillez vous rendre sur cette page afin de le visionner partie par partie.

 

 

Le soin de soi, le soin des autres.

 

Ces notes sont une sélection des carnets que je porte sur moi et sur lesquelles je consigne ce qui me parait en valoir la peine. Les premiers extraits remontent aux environs de l'année 2006, les derniers viennent d'être rédigés. Ils ont plus ou moins de rapport avec le film sur le système scolaire. Mis à part pour l'orthographe, ils n'ont pas été modifiés. Ils peuvent avoir été écrits dans la rue, dans un train, au bistrot, etc. Ils sont transcrits ici dans l'ordre chronologique de rédaction, aux incertitudes près. Les notes en italique sont actuelles.

Si certains passages donnent l'illusion de la vérité éternelle, je vous prie de m'en excuser à l'avance et d'y voir en fait l'expression, enthousiaste, de celui qui tombe sur une vérité momentanée. Ces phrases doivent être entendues comme des interrogations personnelles et attendent leur critique. Enfin je crois devoir assurer le lecteur que l'auteur ne présente ni plus ni moins qu'un autre, de signes cliniques de la schizophrénie.

 

 

Petit carnet beige (2006)

 

En peinture - La connaissance ouvre les yeux sur le tableau qui tombe. Le regard instruit change radicalement l'expérience.

 

Artaud - « Car c'est la logique anatomique de l'homme moderne de n'avoir jamais pu vivre, ni penser vivre qu'en possédé. » (Œuvre Complète XIII, Van Gogh.)

 

Nietzsche - « Que signifie vivre ? Vivre, cela signifie : repousser sans cesse quelque chose qui veut mourir. Vivre cela signifie être cruel, et implacable contre tout ce qui en nous, devient faible, et vieux et pas seulement en nous.

Vivre cela signifierait donc : être sans pitié pour les agonisants – les misérables – les vieillards – être sans cesse assassin. » (Gai Savoir § 26)

 

Bataille

« Ainsi, où tu voudrais saisir ta substance intemporelle, tu ne rencontres qu'un glissement, que les jeux mal coordonnés de tes éléments périssables.

« Ce qu'on appelle « être » n'est jamais simple, et s'il a l'unité durable, il ne la possède qu'imparfaite : elle est travaillée par sa profonde division intérieure, elle demeure mal formée et, en certains points, attaquable du dehors. »

« Ce que tu es tient à l'activité qui lie les éléments sans nombre qui te composent, à l'intense communication de ces éléments entre eux. » (L'expérience intérieure O.C. V p.111)

 

« L'absence de Dieu n'est plus la fermeture : c'est l'ouverture de l'infini. L'absence de Dieu, est plus grande, elle est plus divine que Dieu.

(Je ne suis donc plus Moi, mais une absence de moi : J'attendais cet escamotage et maintenant sans mesure, je suis gai.) » (O.C. XI. L'absence de mythe, p. 235)

 

Carnet Vert (2006 - 2007)

 

« Think in the morning. Act in the noon. Eat in the evening. Sleep in the night. »

William Blake, proverb from hell 41.

 

 

(En vue de publier des aphorismes philosophiques pour notre époque.)

Trouves-tu beaucoup de différences entre tes idées et celles de tes voisins ?

 

Combien de personnes as-tu été aujourd'hui ? Combien de personnalités as-tu endossées ?

Ne peux-tu faire mieux demain et en produire plus encore ?

 

Tu n'as pas commencé à penser te dis Artaud - si tu ne comprends pas, c'est que tu crois que tes idées te sont propres – qu'elles viennent de toi, regarde les bien, dis-moi d'où elles viennent.

 

Pense à tes pensées, après l'angoisse doit suivre un singulier bonheur.

 

Vois-tu que tu te mens ? Mais tu ne peux pas faire autrement.

 

Tu as appris à voir, sentir, parler, danser, marcher, prendre, tenir, quelle folie de s'arrêter ? Que n'est-il à apprendre ?

 

Artaud, art de la responsabilité.

 

Quelques mots sur du papier qui font battre un cœur est déjà un miracle.

 

Qui sont ces personnes qui te parlent dans la tête ? Ne devrais-tu pas faire attention à qui entre ici ? Et d'où viennent-elles ?

 

(fin des essais d'aphorismes philosophiques pour l'époque actuelle.)

 

 

Faire des films – des gags ?

 

Adopter + constituer

Hériter + constituer

 

Que préfère-t-on ?

Deux énoncés qui auraient des sens différents ?

Un même énoncé qui aurait plusieurs interprétations possibles ?

 

Entrer en crise, c'est prendre un texte fort et souffrir.

En sortir, c'est travailler ce texte et le faire devenir sien.

 

Être mu par un tel sentiment de non existence est tout à fait désarmant. Être la personne la moins complète – la plus biaisée – la moins consistante – existante – Comment et pourquoi s'y faire ?

Peut-être il y a pire.

 

L'amour est une maladie, un passage obligé que l'on contracte quand est venu le temps de vivre libre.

 

Hypothèse d'approche :

 

  • Des œuvres qui sortent de leur cadre. Si on regarde ce type d'œuvres, elles nous regardent en retour et nous voilà pris dans le jeu de leur rêve. Exemple : Les photos de Yann Artus Bertrand, celles de Paris Match, l'ensemble de comédies américaines, la majorité des publicités, les chaînes de restaurants, n'importe quelle préfecture de la république, les J.T.. C'est souvent très joli, beau, mais ce type d'images comporte un mensonge poétique en ceci qu'elles nous rassurent artificiellement sur l'existence ferme et solide de nos vie psychiques. (Or on fait régulièrement l'expérience que rien ne soit moins sûr que cela, d'où le mensonge et les angoisses lorsque l'on s'aperçoit que ce mensonge ne colle pas à la réalité, ne collera jamais et ne doit pas coller à la réalité.) En nous conférant une identité, ce type d'œuvre nous prive – temporairement – de toute liberté.

  • A l'inverse, parallèlement, il y aurait des œuvres dont rien ne « sort », qui attirent plutôt le regard vers elles, vers l'intérieur.

 

Qu'attendons-nous tous sinon l'inattendu ? Quand sommes-nous les plus heureux sinon quand nous sommes aux plus loin de nous-mêmes ? Quand nous sentons-nous vraiment matures sinon quand nous ne sommes plus nous-mêmes, mais proches de l'humanité dans son ensemble – au travers de l'espace et des temps ?

Comment organiser cela ?

 

Il ne s'agit pas de faire dans un art reproductible l'illusion d'un hic et nunc,

Il faudrait au moins faire l'inverse, dans l'unicité proposer la multiplicité.

 

Aujourd'hui, pour savoir vivre, vouloir - espérer vivre honnêtement, il faut refuser les milles programmes qui nous ont été préparés – notamment par l'agence de publicité et le pouvoir financier – et il faut inventer sa vie en continue.

Aujourd'hui, c'est malheureux, (c'est mal et c'est heureux), angoissant, mais ce me semble ainsi, pour « être » il faudrait ne « pas être ». (mais je ne parle pas de suicide ici, qui nous ferait tout perdre et dont la décision ne peut venir qu'une fois le combat achevé)

Tyler Durden, (Fight club) ; « s'améliorer soi-même c'est de la masturbation, faut se détruire soi-même. »

- C'est intéressant – c'est ce que, en masse, nous faisons – c'est une attraction de la vie, la destruction, mais ce qui nous plait dans le combat, c'est le devenir autre de soi – pas la simple destruction, mais se porter au loin, se transporter.

- Le combat c'est être méchant avec soi-même – se détruire simplifie la vie, l'usage des drogues, de certains jeux vidéo n'est donc pas une fin en soi – ce qu'il faut détruire c'est notre devenir identitaire, identique à nous-mêmes car c'est a-critique, c'est faux et exploité par l'industrie. Se détruire c'est apprendre à danser au fil des œuvres et des autres.

 

 

Tout type d'œuvre – mais tous types de regard aussi – comment gagner un regard pénétrant ? Qu'est-ce qu'un regard pénétrant et critique ? Comment le transmettre ?

 

Le monde évolue et change, c'est clair, mais le rapport que nous avons avec lui évolue et change à une autre vitesse.

 

Le rêve tel qu'il existe est devenu la propriété d'industriels, peut-être faut-il apprendre à rêver autrement.

 

Il n'y a pas de regard objectif et définitif sur une œuvre, un objet. Nous ne faisons que préciser le rapport que nous entretenons avec cet objet, cet œuvre. Il n'y a qu'un rapport à l'œuvre plus ou moins aiguisé.

 

 

 

Carnet bleu (2007)

 

L'âme est matérielle.

 

Que cela soit par la pub ou les informations, le spectateur reçoit la loi, la règle de sa vie ;

que faire – comment penser – quoi penser : l'irresponsabilité est générale.

 

Si j'ai tué mon âme, - rien ne s'impose plus qui ne soit choisi.

Si Dieu est mort en moi et que le vide se fait – je suis dieu pour moi.

Zeus ; celui qui n'a qu'à s'occuper de lui-même.

Le défaut – le plus complet – c'est le défaut qu'il faut. En acte, acter le défaut pour qu'en moi rien ne puisse prendre l'apparence du père maintenant mort.

 

Eponge et (ou) grattoir – Des outils de différentes puissances ouvrent à différentes actions, et proposent – permettent différentes transformations. (L'impossible dépend de la puissance de l'outil.)

 

 

Deuxième carnet bleu (2008)

 

Chaque instant de vie peut être un délice, une merveille, une prière au monde.

 

Comment chacun peut monter et montrer son monde pour les autres ? Celui qui sait montrer le monde, change le monde... que se passe-t-il si chacun apprend à le faire ?

 

Des gestes (images) sans sens, insignifiants alors – en acquièrent par la magie du montage. Lecture nouvelle du réel, on crée une histoire.

 

Un être singulier, désirant – aime ce qu'il fait, et il n'est pas prévisible. Il invente ce qu'il fait – sa vie – en fonction de la singularité de la situation.

 

Faire redécouvrir la joie d'apprendre – en se confrontant à de hauts objets de la culture humaine...

certes, mais comment sont-ils accessibles ? Et le sont-ils ? La poésie reste lettre morte pour nous, la tournure qu'a pris la sensibilité générale – c'est à dire les formes de sentir aujourd'hui nous coupent (d'une certaine manière) de tout ce qui fut produit par la pensée symbolique et littérale, discursive d'alors.

Par ailleurs, de nouvelles formes de savoir, de nouveaux « objets » apparaissent ; quand un élève fait un montage, il rit. - c'est irrépressible, c'est nerveux, il est confronté à deux images ou plus qui, en s'ajoutant font du sens, et il rencontre en cela un « fait étonnant » qui est le sens en train de se faire, fait typiquement humain, qu'on pourrait rencontrer dans la poésie, mais qui aujourd'hui envahit l'espace symbolique par la photographie.

 

A l'école - Le matériel informatique est sous-exploité. On fait faire des choses plus rapidement, on enseigne des usages pour faire de bons petits professionnels.

 

Ça n'est pas qu'il faille retrouver le niveau d'intelligence que nous avions alors – le niveau scolaire – c'est impossible, mais il faut fonder un système qui rende encore plus intelligent – plus attentif – et encore plus sérieux. (on verra qu'il s'agit de dépasser le sérieux, il faut jouer - au delà du sérieux).

(le sérieux n'est bon qu'à illustrer la vie ?)

 

Parce que les problèmes que nous rencontrons sont plus graves que jamais, que notre puissance est plus grande - plus mortelle nous ne pouvons plus nous permettre toute forme de laisser aller (Rôle des femmes dans cette « urgence », nécessité de correction, de soin à apporter au monde.)

 

Nous sommes une société d'analphabètes, c'est à dire d'enfants, il n'y a pas de devenir majeur pour l'illettré.

 

On est tous analphabètes, on est tous mystifiés – on a le regard louche – on y voit rien – il n'y a pas de regard objectif, le regard est une fonction qui demande une formation, une éducation. Notre regard n'est pas outillé, armé – instruit – capable de faire la différence entre la vie et sa représentation.

C'est presque rassurant de savoir cela.

 

On ne peut pas dire que les élèves ont un mauvais niveau de grammaire et d'orthographe, c'est injuste, ils n'ont aucun besoin de l'un ou de l'autre. On a supprimé de leur environnement tout besoin de grammaire et d'orthographe.

 

Apprendre – par la pratique – à faire tomber les expériences mystagogiques de la photographie.

Et croire dans le monde.

 

Qui disait : « Tant que le capitalisme conserve les modes de productions audio-visuels on est « foutus » ? » (Walter Benjamin, mais il le disait mieux)

Car aujourd'hui, ces modes de productions sont diffusés – vendus – partagés – le capitalisme s'est tiré dans le pied.

 

Jouer de la musique n'est pas anodin. Cela implique l'âme. C'est une dépense d'énergie libidinale – cela calme – est-ce en pure perte ? Non, cela procure une ouverture poétique sur le monde.

 

L'évolution du savoir, la recherche, passe par un petit délire.

 

Les femmes n'aiment pas le vide du silence.

 

Il s'agirait de faire augmenter les capacités attentionnelles aujourd'hui saturées par l'image, en apprenant à se différencier des images.

 

 

Carnet Rouge (2008)

 

Laisser ouverts le difficile et l'angoissant car ça n'est pas dans la compréhension facile qu'il faut travailler mais parce qu'on tombe nécessairement dans l'inconnu – dans l'incompréhension.

 

Faire concrètement le deuil de Dieu.

Dieu est mort, les âmes le sont aussi.

Ce travail de deuil ne doit se faire, certainement pas pour mener à l'oubli, mais à la magnificence de l'absence. L'absence de dieu est plus grande que dieu, il faut qu'il meure.

 

Aujourd'hui nous avons besoin de la plus grande responsabilisation. C'est aussi la plus grande libération. Celui qui fait l'expérience de la liberté est responsable.

 

Le système éducatif produit des irresponsables, qui ne répondent plus d'eux mais parlent du rêve que le monde, la société placent en eux.

 

 

Carnet Jaune (2009)

 

Nous tenons à l'ouvert

à la singularité

à la néguentropie

bonheur du singulier

expérience de l'autre, de l'idiome

diversification idiomatique et technique.

 

La culpabilité accélérerait le vieillissement de la peau.

 

Dans les rétentions primaires (R1) (ce que je garde de ce qui passe tout juste), parfois le monde se résume à une goutte d'eau.

 

T.V. : A quel régime de bruit, de bêtise visuelle on soumet l'une des plus délicates créatures de l'univers...

 

On oublie les spécificités de l'image photo – vidéo.

Le texte présente un caractère matériel mais produit dans la conscience un objet symbolique, l'orthographique.

L'image photo – reproduit le réel seulement (et le détruit ?) c'est en tout cas très différent.

 

La photo rend caduc le concept de réalité tel qu'il n'y aurait une réalité claire et entière. En reproduisant mécaniquement le visible – on trouve une pluralité de réalités.

 

Les images – et l'image photographique n'acquièrent un sens que par son contexte, sa légende.

 

En produisant le symbole, la lettre – l'être

En reproduisant le monde – la photo – non-être.

 

Hors contexte, une photo n'a pas de sens – c'est la différence avec le texte.

 

Les techniques de reproductibilité sont les biais de créations d'espaces de jeu.

Rien n'est vrai, tout est possible.

 

Qui est notre ancêtre, Adam ou Achille ?

 

Tout commence par la pratique.

 

La photo et le non-savoir – la photo est en classe une chose étrange.

 

 

Carnet vert clair (2009 - 2010)

 

Le non-savoir n'est-il pas l'ombre de la prothèse technique ? C'est à dire que l'objet étant infiniment interprétable, il serait non-savoir, il ne relève pas d'une connaissance fixée. (c'est pourquoi les montages surprennent souvent, mais les textes, aussi, tout étant prothétique, tout est porteur de NS, texte mots etc.) le non-savoir et la prothèse seraient simultanés.

 

On apprend bien quelque chose effectivement, de celui qu'on aime. D'homme à homme, d'homme à femme, de frère à frère.

 

Il n'y a rien de raisonnable et de logique dans la connaissance, encore moins dans sa transmission.

 

La création d'un espace numérique sur lequel – par lequel croîtra l'esprit – la connaissance – l'humour – l'art et la philosophie. Internet c'est le moyen de revaloriser – au cœur de la société, la valeur esprit. On ne sait pas ce que cela veut dire – on ne sait pas où l'on va – mais cela relance le devenir. Il ne faut pas savoir où l'on va – sans quoi on serait entrain de reproduire quelque chose qui a déjà eu lieu.

 

L'existence de l'esprit humain est fragile très fragile, et l'histoire nous offre de multiples exemples de ses conditions de maintient ; chaque époque comportant un système technique particulier, a vu s'élaborer des manières de penser particulières.

On peut espérer, considérant ces faillibilités, que l'esprit peut être facilement régénéré.

 

De nos jours - le principal vecteur d'informations – de nouvelles – etc – de messages – ne diffuse jamais celui-ci : qu'il faut être intelligent, curieux, s'instruire et chercher.

 

On va mal jusqu'à ce qu'on comprenne qu'on a le droit d'aimer sa mère … (ou son père.)

 

Les capacités intellectuelles de la France (et du monde) sont châtrées par le simple fait que l'on considère que la représentation télévisuelle du monde est une chose normale, qui va de soit, et qui est sans influence sur les sociétés. Au nom de la liberté d'expression, on permet que les télés diffusent des choses bêtes, fausses et mensongères.

 

L'humain n'est pas un être logique, c'est un être affectif – un élève n'apprend que ce qu'il aime, où ce qui est important pour un être qu'il aime.

 

C'est parce qu'on peut se rendre compte que tout ce qui se passe au cinéma est mensonger, qu'on peut faire la différence entre l'image et la réalité de la vie.

C'est au travers du mensonge cinématographique qu'on apprend à apprécier l'interprétabilité de la vie... ?

C'est parce que cela semble réel en affirmant que c'est mensonger, que cela donne à voir le monde, à interpréter.

 

Rectification - Aujourd'hui il faut conjuguer le tallent et l'amatorat. Les œuvres d’amateurs ont bien souvent cette qualité inestimable d'être le produit d'un long murissement personnel, gratuit, généreux – un rapport affectif et aimant à l'objet du culte – et qui a totalement disparu de la sphère des productions industrielles.

 

Des images qui annulent le temps qui tuent l'esprit et le soin qu'il faut lui porter.

 

La musique comme une distraction de soi-même. Chaque son venant creuser un peu plus une séparation en nous, entre ce que nous sommes et ce que nous serons – produisant comme par magie un rapport au devenir. La musique est une blessure alimentée – un moyen de s'approcher, en devenant, de ce que nous ne sommes pas.

 

Lorsque l'on fait un montage, il y a milles interprétations possibles des éléments utilisés. Dans « l'inspiration » nous faisons – montons – produisons des sens clairs, précis, intelligents parfois, et dont nous ne prenons connaissance que plusieurs jours - ou semaines – ensuite. Phénomène de construction tout à fait analogue à la formation des rêves.

 

 

Carnet Rouge et jaune (2010)

 

L'état foireux – le malaise est le moment de la transition vers un état de plus grande conscience - le moment de prendre un bon livre.

L'être, l'idée de Dieu, comme la télévision, anesthésient la douleur, empêchent les soins.

 

Il doit exister des images, des régimes d'images qui déchirent le fil du temps pour celui qui la regarde et qui rendent la vie – résurrection.

 

Le savoir, la pensée, la vie sont toujours liés à une dépense, à l'excès. Tout le système scolaire actuel tend à réduire ces énergies.

 

Nous avons le pouvoir de bouleverser leurs petits esprits. Il faut laisser libre cours à notre culture, à notre savoir, et à ce qui nous anime, nous, les garants de la connaissance et des consistances.  

apprendre en ligne

http://bits.blogs.nytimes.com/2009/08/19/study-finds-that-online-educati...

 

une enquête qui montre peut être une piste pour l'enseignement à ceux qui passent beaucoup de temps devant les écrans.